La Fraternité c’est avant tout, pour nous, le partage d’un « sort commun » entre personnes égales et libres dans le respect des différences. C’est le rassemblement d’une pluralité de « Je » pleinement individualisés dans une unité, un « Nous » qui œuvre pour une action commune, pour la réalisation d’un bien commun.

Ce n’est pas faire de l’Humanitaire ou faire la Charité (au sens de faire l’aumône), qui supposent l’existence d’une catégorie inférieure de personnes aidées parce qu’incapables d’être autonomes, mais plutôt une entraide entre « pairs ». Elle inclue toute forme de solidarité « non égoïste ». Car si l’on peut être solidaire pour commettre un crime il n’en va pas de même pour la Fraternité. Dans son idéal, la Fraternité a comme finalité l’union pour agir un bien. Elle bannit toute forme de division, s’enrichit des différences pour l’accomplissement d’un acte pour plus grand que soi.

A cet effet le mot Fraternité inclut (pour nous) la notion de Sororité, nous devrions peut-être écrire Fraternité/Sororité mais elle omettrait la notion d’entre-aide entre les frères et sœurs en opposant celle entre les frères avec celle entre les sœurs.

Comme le dit Samuel Hayat, chercheur en science politique : « Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a fait paraitre en 2018 un projet de constitution révisée dans lequel le terme de fraternité est remplacé par celui d’adelphité.  Le terme d’Aldelphité, est intéressant. Il s’agit d’un néologisme qui vient traduire le mot grec adelphotes dont l’utilisation est d’abord religieuse. L’adelphotes, c’est la communauté des (frères) chrétiens, et sa traduction en latin est tout simplement fraternitas, en français fraternité ou frères. De ce point de vue, adelphotes est un mot genré, aussi genré que fraternité. Tout au plus selon Émile Benveniste, existe-t-il une nuance : Phrater renvoie au frère comme membre du groupe, et adelphos au frère comme issu du même ventre. Ainsi, contrairement, à ce qui est souvent avancé, adelphité, pas plus que fraternité, n’englobe nécessairement la sororité. La différence, évidemment tient à l’usage : puisque ce qui s’est imposé dans l’histoire est le mot « frère », issu du latin, et non adelphe », issu du grec.»

Aldelphité, n’appartient pas à notre vocabulaire et donc semble exempt de sexisme et pourtant ce n’est pas le cas. De plus ce terme se limite à la filiation familiale.Il signifie appartenir à la même matrice, venir du même corps. Il ne porte pas tout l’aspect de solidarité ou d’entre-aide que l’histoire à chargée dans le mot Fraternité.

Nous garderons donc le mot Fraternité qui à notre sens s’entend au-delà des hommes et des femmes. La Fraternité porte l’obligation, choisie librement, du respect et de l’entraide égalitaire entre êtres humains, mais aussi des êtres humains pour tout être vivant, animal ou végétal. La Fraternité se partage pour et par tous les êtres vivants.

Dominique Schalck – président du Fonds Fraternité pour Demain